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Génétiquement sage-femme.

21 mai 2013

Shanti

Tout un poème, Shanti....

Elle est indienne, et le cliquetis de sa myriade de bracelets me fait instantanément voyager...

Cela ne fait pas si longtemps que Shanti est en France, mais elle parle un français quasi-parfait.

Elle attend son premier enfant, prévu pour le début de l'été. Une belle aventure, même s'il est difficile de ne pas être aux côtés de sa maman tout le long de sa grossesse.

Shanti a décidé de faire tout son suivi de grossesse avec moi. Et j'adore ça, voir les parents cheminer, se poser des questions, en trouver (ou pas!) les réponses...

Mais voilà, Shanti a une particularité: elle souffre de vaginisme (plus d'info là: http://fr.wikipedia.org/wiki/Vaginisme).

Et dès la première consultation, je la sens terrorisée à l'idée que je lui fasse un examen vaginal. Je la rassure, je n'ai en aucun cas l'habitude de pratiquer de touchers vaginaux sans indication médicale, sauf si la patiente éprouve le besoin d'être examinée pour se sentir rassurée.

Je perçois un immense soulagement chez Shanti. Et c'est dans cette confiance mutuelle que démarre le suivi de grossesse.

Nous nous revoyons donc tous les mois. Sa grossesse se passe à merveille; elle part en Inde fêter sa grossesse, avec de nombreux rituels, chants, bijoux... Et plein de nouveaux bracelets à son retour  :) 

La grossesse touche à sa fin; les 2 dernières visites prénatales doivent se réaliser dans la structure où aura lieu la naissance. Shanti a donc RDV, elle sera vue par une gynécologue. Je la prépare à l'éventualté d'un toucher vaginal avec ladite gynécologue, mais lui explique que rien n'est obligatoire, et qu'elle peut s'y opposer. Shanti appréhende un peu ce RDV mais est largement plus sereine qu'en début de grossesse, tout de même.

Elle se présente au RDV du 8ème mois, accompagnée de son mari. La gynécologue consulte son dossier, et lui demande de s'installer sur la table d'examen pour écouter le coeur du bébé, prendre la tension, et regarder le col. D'une voix timide, Shanti demande si c'est vraiment nécessaire de regarder le col? Elle précise qu'elle se sent bien, n'a pas de contractions, rien de particulier. Elle précise aussi qu'elle souffre de vaginisme. La gynécologue: "Madame c'est TRES important, si vous refusez, ça peut être grave, vous voulez mettre votre bébé en danger??". Shanti est déstabilisée. Son mari est inquiet de ce qu'insinue la gynécologue, et prie sa femme de faire un effort, afin d'être rassuré et d'écarter tout risque.

Shanti essaie de se détendre, mais la gynécologue est assez brutale, et ne peut donc pas correctement vérifier l'état du col. Bilan: Shanti est terrorisée, tout ça pour... rien. Elle demande à la gynécologue comment cela se passera à l'accouchement puisqu'elle redoute tant ces examens vaginaux, elle s'entend répondre que la seule option est de prendre la péridurale... Mais Shanti, elle ne la veut pas, la péridurale.

Je continue de voir Shanti dans le cadre de la préparation à l'accouchement, c'est comme cela que j'ai appris le déroulement de cette consultation.

On discute beaucoup de tout cela, et je lui propose de faire de la sophrologie avec ma super-collègue pour l'aider à se détendre. Et de travailler le relâchement du périnée, et le lâcher-prise grâce à l'acupuncture, avec une autre super-collègue.

Ca marche super bien, Shanti est très zen. Je lui propose qu'à la prochaine consultation, avec son accord, j'essaie tout doucement de l'examiner, pour qu'elle applique les conseils de ma super-collègue n°1. Elle est partante! Et ladite prochaine consultation, c'était ce matin.

Je savais qu'elle devait voir la gynéco hier pour la visite du 9ème mois. Je lui ai bien dit de refuser le toucher vaginal, qu'on le ferait tranquillement à mon cabinet, en prenant notre temps pour ne pas lui faire mal.

Ce matin, Shanti a une mine déconfite.

Hier, la gynécologue l'a examinée de force. Lorsque Shanti a dit qu'elle serait examinée le lendemain, la gynécologue n'a même pas attendu la fin de la phrase et a dit "trop tard, de toutes façons il faut examiner le bassin, c'est OBLIGATOIRE". Shanti a hurlé de douleur et s'est cabrée, et bien évidemment l'examen du bassin n'a jamais eu lieu.

La gynécologue a lancé qu'une péridurale était dorénavant obligatiore, puisque Shanti n'était pas docile.

Ce matin, Shanti était dans tous ses états. Elle s'est sentie agressée (elle l'a été, non??). Elle a une peur panique de l'accouchement comme jamais, à cause de ces touchers vaginaux qu'elle aura à subir.

Je lui propose de la réexaminer, pour lui montrer qu'en faisant tout doucement, c'est très très différent de ce qu'elle a enduré.

Et lorsqu'elle s'allonge, je lui fais basculer le bassin, on respire ensemble, je mets un max de lubrifiant sur le doigtier, et lui dis que j'attends son feu vert pour l'examiner. Au bout de quelques instants, c'est ok. Je fais le plus doucement possible, par étapes.... Et finalement, dans le calme, je finis mon toucher vaginal, et peux même effectuer un prélèvement vaginal sans encombre!!

Shanti est vraiment soulagée... Oui, c'est possible d'être un être humain, même quand on est enceinte.

Je lui dis que lorsqu'elle se mettra en travail, il faut qu'elle m'appelle. Ainsi, j'appelerai les sages-femmes de garde pour leur expliquer la situation, pour qu'elles puissent s'adapter.

Et il est hors de question que Shanti subisse cet odieux chantage à la péridurale.

 

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